Ces bénévoles de l’ARPD qui traquent les personnes disparues

Photo : Illustration des nouvelles vidéos d'appel à témoins lancées par les ministères de l'Intérieur et de la Justice dans le cadre d'affaires non-élucidées ou de crimes sériels. (ministère de la Justice/X)

7 septembre 2025 | Société

Temps de lecture : 3 minutes

Ces bénévoles de l’ARPD qui traquent les personnes disparues

par | Société

Face aux 60.000 disparitions annuelles, des associations comme l'ARPD mobilisent 850 bénévoles qui enquêtent sur le terrain et en ligne.

En France, les affaires de disparition n’occupent pas seulement la Police ou la Gendarmerie. Des centaines de bénévoles travaillent jour et nuit, sur le terrain ou en ligne, pour tenter de retrouver ceux qui se sont mystérieusement volatilisés.

Sur les traces de Marc

Début août, Marc, 59 ans, quitte son domicile de Marseille sans son téléphone ni ses médicaments, et s’évanouit dans la nature. Inquiète, sa fille contacte les autorités ainsi qu’une association spécialisée, l’ARPD (Assistance et recherche de personnes disparues).

Un billet de train pour Paris est déniché dans la boîte mail de l’intéressé. Dès lors, « il ne faut pas attendre, il faut intervenir tout de suite », explique à l’AFP Pauline Charpy, enquêtrice bénévole de l’association.

Photo de Marc en main, cette généalogiste successorale de métier, 35 ans, fait du porte-à-porte dans la capitale, ratisse hôpitaux et centres d’hébergement. Elle garde aussi un œil sur les relevés bancaires du disparu, auxquels sa fille a accès, pour localiser d’éventuelles transactions.

Rien. À Marseille, une consœur de l’association fait aussi chou blanc. Marc finira par réapparaître deux semaines plus tard, à Paris, sans trop d’explications: « On n’a pas toujours les réponses », regrette Pauline Charpy.

L’ARPD, en « étroite collaboration » avec les autorités

L’ARPD compte aujourd’hui quelque 850 adhérents bénévoles, en France et à l’étranger. Ils sont enseignants, médecins, ouvriers, et sur leur temps libre, investiguent en ligne ou sur le terrain. Un hobby pour certains.

Près de 400 dossiers sont en cours. Pour les disparitions jugées « inquiétantes », faisant l’objet d’une enquête officielle, les bénévoles travaillent en « étroite collaboration » avec les autorités, indique à l’AFP Bernard Valézy, président de l’ARPD et ancien commissaire de police.

« Il arrive aussi qu’une enquête s’épuise et soit clôturée. On peut alors reprendre certaines pistes, lorsque la famille estime que tout n’a pas été fait », ajoute-t-il. Parfois, il n’y a jamais eu d’enquête ouverte, mais les proches restent en quête de vérité.

Selon une estimation de l’ARPD, 60.000 personnes disparaissent en moyenne chaque année en France. Si la majorité des affaires trouvent rapidement une issue, d’autres finissent par devenir des « cold cases ».

Un cold case de 1968

C’est le cas d’un dossier qui donne du fil à retordre à Isabelle Cluzand, 57 ans. Il s’agit de la disparition de Thérèse, une mère de famille aperçue pour la dernière fois sortant de sa maison en robe de chambre un matin d’hiver de 1968 à Éragny-sur-Oise (Val-d’Oise).

Pour la bénévole passionnée de généalogie, qui d’ordinaire travaille pour un média français, c’est un « défi »: « Le temps a passé, ce n’est pas en notre faveur ». Les enquêtes de voisinage sont vaines. Difficile aussi pour cette spécialiste de l’Osint, l’exploitation de données en open source, de traquer « l’empreinte numérique » de la disparue.

Elle a peu d’espoir de la retrouver vivante, mais cherche au moins à faire la lumière sur ce qui lui est arrivé. Patience et persévérance sont de rigueur. « Ce n’est pas quelque chose qui se fait en un jour », prévient-elle.

Lire aussi: Le pôle « cold cases » lance des appels à témoins vidéos en ligne

Des chiens et des drones dans la « boîte à outils » de l’ARPD

Dans sa « boîte à outils », l’ARPD dispose d’un réseau d’experts pour accompagner les recherches ou les familles: psychologues, pilotes de drones, maîtres-chiens…

Olivier Missin, 66 ans, retraité, et Valérie Rousseau, 52 ans, professeure de français dans les Yvelines, entrent en scène dans les jours suivant une disparition. En binôme avec un chien, ils pratiquent le « mantrailing ». Ils pistent l’odeur encore « fraîche » de la personne qui se dépose naturellement un peu partout sur les murs, le sol. Comme des « bulles de savon », mais qui disparaissent vite avec le temps, détaille Valérie Rousseau.

Cela permet souvent d’orienter l’enquête vers une nouvelle direction: un quai de gare, la rive d’un fleuve… Les autorités et/ou l’ARPD reprennent alors la main. Plus rarement, ils retrouvent eux-mêmes la personne disparue, vivante ou décédée.

En avril, Valérie et Gotham, son imposant chien de berger, ont ainsi découvert le corps d’un octogénaire atteint d’Alzheimer. Il s’était perdu et avait fait une chute mortelle dans les bois. Avec la végétation dense, l’endroit était difficilement accessible. « Si on n’était pas intervenus, il n’aurait pas été retrouvé avant l’arrivée des cueilleurs de champignons à l’automne », fait valoir Valérie Rousseau. Et retrouver une personne disparue, c’est « un peu comme trouver un trésor », souligne Pauline Charpy.

Par Bertille LAGORCE (AFP)

Lire aussi : Notre dossier sur les « cold cases », ces affaires non-élucidées que des enquêteurs cherchent à résoudre (L’Essor de la Gendarmerie n°603 – Juillet/Août 2025)

La question du mois

Bruno Retailleau, pour lutter contre la violence et les narcotrafics en Guadeloupe, a confirmé l’installation de « deux escadrons de gendarmerie mobile, sans enlever le peloton de la garde républicaine », mais aussi de « deux brigades nautiques », une de gendarmerie et une de police respectivement en Basse-Terre à Gourbeyre et à Pointe-à-Pitre. Pensez-vous que cela sera une réponse satisfaisante ?

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