Après des semaines d’attente, les gendarmes et les policiers connaissent leurs nouveaux chefs depuis ce jeudi. Pour les militaires, ce sera le général Hubert Bonneau, un breton de 57 ans, qui a mené une carrière marquée par l’opérationnel puisqu’il est le seul officier de l’Arme à avoir commandé les deux unités d’intervention : l’Escadron parachutiste d’intervention de la Gendarmerie nationale (EPIGN) et le Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN). Il est le second directeur général de la Gendarmerie nationale (DGGN) après Denis Favier a avoir dirigé le GIGN.
Selon les informations de l’Essor, le général Bonneau prendra ses fonctions dès ce lundi 4novembre.
Une cinquième étoile
Cette nomination d’un militaire à la tête de la Gendarmerie devrait être bien accueillie dans les rangs de l’institution très attachée à son statut militaire. Depuis vingt ans, tous les directeurs de l’Arme ont été des officiers généraux. Le général de corps d’armée Hubert Bonneau, qui aura passé deux ans comme commandant des gendarmes bretons et ceux de la zone Ouest, va donc accrocher une cinquième étoile à son képi, le poste de DGGN étant celui d’un général d’armée.
Hasard des nominations, Hubert Bonneau et le nouveau directeur général de la Police (DGPN) Louis Laugier sont tous deux des « cyrards » de la même promotion. Les deux hommes se sont en effet connus sur les bancs de la promotion de l’Ecole militaire spéciale (ESM) de Saint-Cyr « Général Calliès » (1986-1989). Louis Laugier, un parisien de 59 ans, a entamé sa carrière dans le 13e bataillon de chasseurs alpins (BCA) de Barby, près de Chambéry. Nul doute que les deux hommes communiqueront sans difficultés.
En 2000, Louis Laugier quitte l’armée de Terre pour rejoindre le ministère de l’Intérieur. Il a d’abord été sous-préfet avant de gagner la direction de la Police nationale comme chef du service de gestion des personnels, puis comme sous-directeur des ressources humaines. Il a ensuite été préfet de l’Aveyron, de la Savoie, du Haut-Rhin et de l’Isère, son poste actuel. Contrairement à ses prédécesseurs, comme Frédéric Veaux (2020-2024) ou Frédéric Péchenard (2007-2012), Louis Laugier n’est donc pas un ex-grand flic issu de la PJ et nommé à la tête des policiers.
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La fin d’un long feuilleton
Les nominations du général Bonneau et du préfet Laugier à ces postes stratégiques mettent donc fin au long feuilleton ouvert fin septembre 2024, avec les départs à la retraite du général Christian Rodriguez (2019-2024) et de Frédéric Veaux. Les deux hommes avaient été prolongés à leurs postes en septembre 2023, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques 2024 de Paris. Le processus de nominations de leurs successeurs, entamé dès le printemps 2024, se verra donc retardé par la dissolution de l’Assemblée et la nomination du gouvernement Barnier.
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Du pain sur la planche pour les nouveaux patrons
Dès leur prise de fonctions en tant que nouveaux chefs de la Gendarmerie et de la Police, les deux hommes vont trouver sur leur table des dossiers délicats. D’abord celui de la délinquance dont les chiffres ont été publiés mercredi, à la veille de leur nomination. Une analyse inédite du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) fait en effet le point à mi-année 2024 de la délinquance enregistrée sur douze mois glissants (juillet 2023 – juin 2024).
Au 30 juin 2024, la moitié des indicateurs des crimes et délits enregistrés en France ont connu une hausse : tentatives d’homicide (+11%), violences sexuelles enregistrées (+7%), vols avec armes (+6%), vols de véhicules (+6%), vols dans les véhicules (+5%), cambriolages de logements (+4%), sans compter les escroqueries et fraudes aux moyens de paiement (+3%). À l’inverse, les vols d’accessoires sur véhicules (-12%), les homicides (-8%), les vols violents sans arme (-7%) et les vols sans violence contre les personnes (-6%) sont en baisse par rapport à la même période.
Pour le général Bonneau s’ajoutera le problème récurrent du logement des gendarmes et celui du suremploi des escadrons de gendarmerie mobile lié à la crise en Nouvelle-Calédonie et à celle en Martinique. Quand au préfet Laugier, il va devoir faire face à la grogne des puissants syndicats de police sur le projet de budget 2025. Celui-ci prévoit certes une hausse de près de 600 millions d’euros des crédits dédiés à la sécurité, mais une pause dans la hausse des effectifs de policiers et de gendarmes.
Pierre-Marie GIRAUD
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