La cour d’assises de la Loire-Atlantique a condamné ce lundi 24 juin 2024 un jeune homme de 28 ans à douze ans de réclusion criminelle pour avoir tiré, le 15 février 2021, à Malville (Loire-Atlantique) sur des gendarmes du Peloton de surveillance et d’intervention (PSIG) de Saint-Nazaire et pour en avoir blessé deux.
Le jour des faits, les militaires étaient en fait intervenus à 6h15 du matin pour l'appréhender chez lui, dans la rue du Piou, à Malville, pour une affaire de bagarre au couteau survenue la veille. Ils avaient alors été la cible d'un tir de "fusil à pompe". L’un a toujours "des plombs dans le corps" et l’autre a "perdu l’usage de sa main". Un troisième avait été touché par un "un impact au niveau de sa gorge", mais a été "sauvé par son casque", et les autres "ne doivent leur survie qu’à leur équipement", avait souligné leur avocate.
Pendant quatre jours, Iulian-Narcis, l’auteur du tir, a donc été jugé pour une "tentative de meurtre", mais l'avocat de l'accusé plaidait pour une "légitime défense" : son client – aujourd’hui âgé de 28 ans – ignorait en effet qui se trouvait derrière la porte, selon lui, et n'a pas entendu les "sommations" qui lui ont été faites à de nombreuses reprises par les gendarmes du PSIG.
Iulian-Narcis craignait en fait une "vengeance" par ses victimes de la veille, quand, au cours d’une soirée qui avait dégénéré, il avait asséné des "coups de couteau" à des "intrus" qui s’étaient introduits dans une soirée à laquelle il participait à quelques kilomètres de là, à Prinquiau (Loire-Atlantique). Réveillé par des "bruits assourdissants", Iulian-Narcis s’était emparé du "fusil à pompe" qu’il avait acheté à peine trois mois auparavant pour "se défendre et défendre sa famille". L ’accusé – jusqu'alors inconnu de la justice – avait alors tiré dans la "porte en alu", blessant les militaires qui se trouvaient de l’autre côté. Il avait d’ailleurs demandé à son frère "d’appeler les gendarmes".
Il a visé les gendames "sans l'ombre d'un doute".
Oour Me Cécile Chambeslin, l’avocate des parties civiles venues en nombre sur les bancs de la cour d’assises, il "ne pouvait pas ne pas avoir entendu" les sommations des gendarmes, ces "professionnels rompus à l’intervention sur le terrain" se sont "époumonés" ce matin-là derrière la porte pour annoncer leur présence. "N’importe qui pouvait les entendre, y compris ce monsieur", martèle-t-elle.
"Il y a une seule certitude : ce jour-là, il a voulu "tuer" les gendarmes, est donc convaincue l’avocate des parties civiles, puisqu'il les a "visés directement, sans l’ombre d’un doute, sans la moindre émotion, sans trembler". Un point de vue partagé par l’avocat général, selon lequel "cette arme était mortelle et que ce monsieur en avait connaissance". Il avait donc requis quinze ans d'emprisonnement à l’encontre de cet homme qui encourait théoriquement "la perpétuité", a-t-il rappelé.
Philippe-Henry Honegger, l’avocat de la défense, avait tenté d'expliqué que la famille de son client était ce jour-là "dans l’effet tunnel" et "en panique totale" après l'altercation de la veille.
"Comment peut-on exclure l’hypothèse selon laquelle ils n’ont pas entendu ces sommations ?", s'était-il agacé. Les experts psychiatre et psychologue ont pourtant assuré que son client – en détention provisoire depuis près de trois ans – avait pu être "incapable psychiquement" de "se dire que ça pouvait être des gendarmes".
Iulian-Narcis a finalement bel et bien été reconnu coupable de "tentative de meurtre" : les jurés ont écarté toute "légitime défense". Il aura désormais interdiction de porter une arme soumise à autorisation administrative pendant quinze ans et sera inéligible pendant dix ans. L 'arme du crime lui a été confisquée. Le montant des dommages et intérêts alloués aux gendarmes sera arrêté lors d'une audience ultérieure "compte tenu de l'horaire extrêmement tardif" auquel le verdict a été rendu, vers 22h30. Il a désormais dix jours pour faire appel.