Ces sept technologies du futur vont bouleverser le travail des gendarmes

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14 juillet 2021 | Opérationnel

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Ces sept technologies du futur vont bouleverser le travail des gendarmes

par | Opérationnel

INFO L’ESSOR – On commence à en savoir un peu plus sur les projets de recherche de la Gendarmerie. Début décembre, le conseil scientifique de la Gendarmerie s’est réuni pour la seconde fois. L’occasion, pour l’Arme, de présenter à ses partenaires son plan stratégique de recherche et d’innovation pour les cinq prochaines années. Un document de travail dense de 54 pages, auquel L’Essor a eu accès, qui répertorie les études en cours et à venir.

Le titre de cet “agenda 2022” semble un peu ronflant. Et pourtant, souligne-t-on dans les rangs, c’est une première au ministère de l’Intérieur. Ce plan précise ce document. Voici ces sept exemples de projets de recherche en cours qui devraient bouleverser le travail des gendarmes.

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1. L’identification des imprimantes 3D

La Gendarmerie ne veut pas être à la traîne de la révolution de la fabrication additive (l’autre nom de l’impression 3D). Le développement de cette technique, où l’on ajoute de la matière, à l’opposé de l’usinage où on en retire, explose depuis quelques années. Les progrès sont tels qu’on peut désormais fabriquer une arme à feu selon ce procédé.

“Cette technologie est potentiellement un nouvel outil pour la délinquance, relève la Gendarmerie dans son plan stratégie de recherche et d’innovation.

L’enjeu pour les forces de sécurité va résider dans l’identification, avec certitude, de l’ordinateur qui a lancé l’impression 3D. Les recherches, en cours dans la Gendarmerie, se concentre sur les différentes technologies, matières et imprimantes disponibles pour le grand public afin “de mettre en place un protocole d’analyse des objets imprimés” et d’identifier l’origine du filament utilisé. Les premiers résultats pourraient aboutir à des démonstrations d’ici deux à trois ans.

2. La pêche à la donnée

Au PJGN, lors de son inauguration en mai 2015 (Crédit photo: MG/ L'Essor).

Avec la révolution numérique, nous laissons de plus en plus de traces et de données qui peuvent devenir une mine d’or pour les services de police. Ce “big data” doit permettre, par exemple en interne, de développer des modèles d’analyse décisionnelle, en prenant en compte le progrès de l’intelligence artificielle et l’essor des techniques de l’apprentissage statistique. L’objectif ? Un déploiement généralisé en 2019 de ces projections cartographiques ou chronologiques dynamiques de probabilité de commission d’infraction. En externe, le “big data” doit aussi permettre d’améliorer le travail d’enquête ou de prévention. “La quantité de données disponibles permet dorénavant de approches plus systématiques des analyses relationnelles”, explique le plan de recherche et d’innovation de la Gendarmerie, sans plus préciser l’origine des données. Des corrélations pourraient être mises en lumière entre des événements, individus, objets ou lieux, et ainsi apporter un plus dans la lutte contre la délinquance ou dans la détection de la radicalisation. La Gendarmerie table, avec les études en cours, sur une.

3. Quand les Gendarmes scrapent le web

Ecusson Cyber gendarme

Les geeks appellent cela le scraping : l’extraction du contenu de sites internet via un programme intéresse aussi les gendarmes. Un outil, GendScrapper, est en cours de développement. Cet outil de capture de contenus doit permettre. Il devrait aboutir à un déploiement d’ici deux ans, tout comme le logiciel Artist, qui doit accélérer l’analyse d’un site internet en fournissant directement les liens, les identités numériques et les métadonnées d’une page.

Autre projet d’envergure chez les gendarmes sur ce thème : pour identifier les réseaux Wifi et les terminaux qui leur sont connectés. Un premier démonstrateur a déjà été testé, permettant par exemple d’attester d’une connexion pirate d’un mis en cause sur la box internet d’un voisin. Ces outils sont développés avec le Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N). De nouveaux tests sont prévus l’année prochaine. Mais sans plus tarder ces outils “bénéficient d’ores et déjà à d’autres entités du renseignement”.

4. Les multiples apports de l’intelligence artificielle

On a déjà vu que les progrès de l’intelligence artificielle pourraient apporter bientôt du neuf dans le traitement de l’information géographique. L’apport de cette technologie prometteuse innerve les recherches en cours. Exemple avec les recherches en cours pour la retranscription automatique d’auditions orales, qui visent un déploiement opérationnel dans trois ans. Ou encore avec ce dispositif de géolocalisation en intérieur, étudié par la Gendarmerie pour les forces d’intervention. Cet outil de géolocalisation automatique en trois dimensions, proche dans sa description de ce que l’on peut trouver aujourd’hui dans le jeu vidéo, serait en effet basé sur des caméras vidéos et des algorithmes. L’idée est de constituer une première brique technologique pour d’ici cinq ans permettre.

5. La robotique bleue

L'exosquelette Hercule, présenté à Eurosatory (Crédit photo: DR).

Les exosquelettes intéressent depuis longtemps les armées, soucieuses d’alléger la charge des fantassins et de mieux les protéger. Mais aussi le monde civil, avec le développement d’exosquelettes pour les personnes en surpoids. Les forces de police pourraient bien recycler cette technologie dans leurs propres métiers. “Les solutions médicales développées pour soulager l’effort chez les personnes en surpoids peuvent trouver une application opérationnelle”, souligne la Gendarmerie.

Là encore, il s’agit de diminuer les des personnels dans certaines interventions. Source de danger, ces efforts provoquent des accidents ou nuisent à la vigilance. Des études sont en cours au Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), en partenariat avec la direction générale de l’armement (DGA) du ministère des Armées. Un premier prototype, uniquement pour les membres inférieurs, a déjà été testé. Un second, une orthèse de genou motorisé, est en cours de conception, avec en ligne de mire des tests d’ici deux ans.

6. Les équipements du futur du GIGN

Photo d'illustration (GIGN).

Tous les gendarmes sont aujourd’hui confrontés à un équipement de plus en plus fourni : gilet pare-balles, smartphone NeoGend, armes… Cette problématique se pose avec encore plus d’acuité pour les forces d’intervention. Le GIGN mène donc de front plusieurs travaux de recherche. Par exemple, depuis 2015, la force d’intervention participe au développement d’un casque modulaire offrant une. Sur ce sujet, le GIGN travaille sur l’optimisation de la protection balistique en vue de réduire le poids du casque, qui pèse environ cinq kilos pour un équipement total de 35 kilos (gilet pare-balles, armes, etc.) !

De même, la force d’intervention espère pouvoir équiper d’ici 2020 ses personnels de lunettes modulaires “permettant d’adapter immédiatement le type de capteur au contexte pour la continuité de la vision”. Il s’agirait ici par exemple d’aider à l’identification, au plus vite, des menaces potentielles, ou de matérialiser dans les lunettes les zones d’intérêt, comme la présence d’un blessé.

Le GIGN poursuit également ses recherches sur les vêtements de protection contre les incendies. Si les vêtements d’intervention protègent bien contre le feu, ils ne protègent pas actuellement les personnels contre les risques de brûlures dus à la conduction de la chaleur. Le GIGN vient ainsi d’établir un standard interne de résistance thermique, utilisé dans ses achats de tenues de combat.

Enfin, pour les gilets pare-balle, le GIGN s’intéresse de près au fil… d’araignée. Dix fois plus résistante que l’acier, trois fois plus que le kevlar, la soie d’araignée pourrait apporter une protection contre les petits et moyens calibres, pour un “poids et un encombrement réduit”. La vraie révolution pourrait cependant résider dans l’utilisation des nano-technologies, qui pourraient permettre à des gilets souples de se rigidifier lors d’un impact.

7. Cherchez l’odeur

Inauguration PJGN

A terme, l’empreinte olfactive pourrait se révéler, estime la Gendarmerie, aussi utile et pertinente que l’ADN et les empreintes digitales. Elle mène avec la région Île-de-France, des industriels et des instituts de recherche des études sur la signature chimique corporelle afin d’aboutir, à terme, à une technique d’identification judiciaire agréée. Débuté en 2016, ce projet a débouché cette année sur une première preuve de concept. Les travaux complémentaires, qui seront menés ces deux prochaines années, doivent permettre d’aboutir à une technique opérationnelle. La Gendarmerie espère obtenir un agrément pour utiliser cette technique dans le cadre d’enquêtes d’ici trois ans.

Gabriel Thierry

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