La mère d’un élève saint-cyrien, mort en février 2016 au camp militaire de La Courtine dans la Creuse, a déposé plainte pour “destruction de preuves” à l’encontre de huit militaires et demandé le dépaysement de l’affaire à Limoges.
“Des pièces à conviction extrêmement importantes ont été retrouvées et jetées aux ordures” par des militaires, a affirmé Me Yassine Bouzrou, avocat de la mère de Michaël Lavocat, élève-officier de 22 ans, retrouvé mort le 9 février 2016 dans les toilettes du camp d’entraînement creusois alors qu’il se trouvait en troisième et dernière année à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr à Coëtquidan (Morbihan).
“Des fragments de balle ont été retrouvés et jetés. Le faux plafond des toilettes où M. Lavocat a été retrouvé — faux plafond où on aurait retrouvé une balle — a été remplacé et jeté sans en faire état aux gendarmes qui enquêtent sur l’affaire“, a poursuivi l’avocat.
En mai, le parquet à Guéret, en charge de l’enquête, avait conclu au suicide de l’élève-officier avec une arme de dotation et avait classé l’affaire sans suite.
La mère du jeune homme avait alors déposé plainte avec constitution de partie civile, entraînant l’ouverture d’une information judiciaire. Les parents ont toujours refusé de croire au suicide de leur enfant. Ce dernier, trois jours avant son décès, avait affirmé à son entourage militaire que son père était mort. Il en paraissait très affecté. Or le père du jeune homme, qui avait refait sa vie au Cameroun, était en parfaite santé.
Cette nouvelle plainte a été déposée devant la Cour d’appel de Limoges, parallèlement à une demande de dépaysement: “Nous demandons à ce que cette plainte soit traitée en dehors du Tribunal de Grande Instance de Guéret“, a dit Me Bouzrou, accusant le procureur de la République à Guéret, Sébastien Farges, de “manquement“. “Le procureur de Guéret a notamment restitué à Saint-Cyr des pièces à conviction, dont des vêtements, avant même le classement sans suite. Aucune recherche d’ADN n’est dès lors possible sur ces vêtements“, qui auraient dû, selon l’avocat, être “placés sous scellés“.
Contacté, le procureur n’était pas immédiatement joignable. Après la mort de l’élève-officier, le ministre de la Défense de l’époque, Jean-Yves Le Drian, avait ordonné “une enquête de commandement” pour éclaircir les circonstances de la mort.
Elle a conclu également à un suicide, selon Le Parisien qui a révélé la nouvelle plainte.
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