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La garde à vue de trois membres de la famille Villemin, interpellés mercredi dans les Vosges par les gendarmes de la section de recherche de Dijon, ont été prolongées jeudi matin.
Marcel Jacob, oncle maternel de Jean-Marie Villemin (le père de Grégory), sa femme Jacqueline ainsi qu’une belle-soeur du père, Ginette Villemin, ont été arrêtés mercredi matin par les gendarmes de la section de recherches de Dijon, avant d’être transférés à Dijon pour y être interrogés.
De source proche du dossier, les enquêteurs devaient “entrer dans le dur” jeudi, après avoir mis en place les auditions la veille. Des perquisitions ont eu lieu chez les suspects.
Jean-Jacques Bosc, procureur général de la cour d’appel de Dijon, dont la chambre de l’instruction est chargée du dossier, a confirmé jeudi matin que les personnes interrogées “étaient toujours en garde à vue“. Il devrait tenir une conférence de presse dans l’après-midi.
L’affaire relancée 32 ans après
Près de 33 ans après les faits, ces interrogatoires de cinq membres de la famille Villemin ont relancé spectaculairement l’affaire Grégory, du nom d’un garçonnet assassiné en 1984, qui demeure l’une des grandes énigmes policières du XXe siècle en France.
Le cadavre de Grégory Villemin, quatre ans, avait été retrouvé au soir du 16 octobre 1984, pieds et poings liés dans la Vologne, marquant le début d’une affaire qui a bouleversé la France.
Coup de théâtre, mercredi matin: Marcel Jacob, l’oncle maternel de Jean-Marie Villemin (le père de l’enfant) et sa femme Jacqueline ont été interpellés dans le village d’Aumontzey, dans les Vosges, par les gendarmes de la section de recherche de Dijon.
Une belle-soeur du père, Ginette Villemin, a quant à elle été arrêtée à Arches, à moins de 30 kilomètres de là, selon la même source.
Tous trois ont été transférés à Dijon, où leur garde à vue se poursuivait dans la soirée. Les grands-parents de Grégory, Monique et Albert Villemin, ont pour leur part été entendus en audition libre dans les Vosges. Celle-ci a été levée en début de soirée.
Ces interpellations, “qui visent des personnes très proches du cœur de l’affaire, ont pour but d’éclaircir certains points et d’apporter des réponses à des questions posées, parfois de longue date, par des zones d’ombre de la procédure“, a relevé Jean-Jacques Bosc, procureur général de la cour d’appel de Dijon, chargé du dossier.
Les arrestations ont eu lieu pour “complicité d’assassinat, non-dénonciation de crime, non-assistance à personne en danger et abstention volontaire d’empêcher un crime“, selon le quotidien l’Est Républicain, qui a révélé l’information.
“C’est un pas de géant sur le chemin de la vérité“, s’est félicité l’avocat des époux Villemin, Me Thierry Moser, se disant “très confiant du succès des investigations“.
Au cours des investigations, les enquêteurs se sont notamment penchés sur un mystérieux “corbeau” ayant revendiqué le meurtre en invoquant une “vengeance“, en particulier dans une lettre postée apparemment avant la découverte du corps. Marcel Jacob avait notamment été soupçonné d’être le corbeau, de même que son épouse, désignée par des expertises graphologiques.
L’incertitude planait sur son emploi du temps au moment du meurtre. Mais il n’a jamais été inquiété judiciairement. Marcel Jacob s’en était pris verbalement à Jean-Marie Villemin peu avant le crime, lui reprochant sa promotion de contremaître. “L’enquête concernant (les Jacob) a été entreprise trop tardivement pour avoir des chances d’aboutir à un résultat“, avait déploré un arrêt de 1993 de la chambre d’accusation de Dijon.
Bernard Laroche, un cousin de Jean-Marie Villemin et neveu de Marcel Jacob, avait d’abord été soupçonné: inculpé d’assassinat, un temps incarcéré, il avait été remis en liberté le 4 février 1985. Convaincu de sa culpabilité, Jean-Marie Villemin devait l’abattre d’un coup de fusil de chasse. Il sera condamné pour ce meurtre à 4 ans de prison en 1993.
En juillet 1985, le juge Jean-Michel Lambert opère un spectaculaire revirement: il porte ses soupçons vers la mère de Grégory, Christine Villemin, qui sera totalement innocentée en 1993 au terme d’un non-lieu retentissant pour “absence totale de charges“.
L’affaire a été rouverte en 1999, puis en 2008, pour tenter de confondre d’hypothétiques traces d’ADN sur les scellés. Certains mélanges génétiques ont pu être isolés, et étaient en cours de comparaison avec les prélèvements sur des personnes figurant au dossier.
“Devant l’absence de concordance de traces ADN, dont le procureur général de Dijon a fait le constat public à plusieurs reprises et pour la dernière fois en 2014, d’autres axes d’enquête ont été explorés“, a précisé le procureur général de Dijon. “Outre les 400 personnes prélevées, une centaine de témoins ont été interrogés, certains pour la première fois. Près de 2.000 courriers anonymes, reçus par les protagonistes de l’affaire, mais aussi par les magistrats, ont été analysés en détail“, a-t-il détaillé.
“32 ans après, il faut des choses béton“, a estimé, au micro de RTL, Me Gérard Welzer, l’avocat de Marie-Ange Laroche, veuve de Bernard Laroche, appelant à la prudence.
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