<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Ce que les gendarmes doivent savoir avant de partir en mission en Guyane

Photo : Des gendarmes en mission de lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane. (Archives)

23 juillet 2021 | Société

Temps de lecture : 2 minutes

Ce que les gendarmes doivent savoir avant de partir en mission en Guyane

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C'est un témoignage qui devrait être lu par les gendarmes affectés en Guyane, à une mission en lien avec la lutte contre l'orpaillage illégal. Fin juin, l'adjudant David Gris a raconté aux députés de la commission d’enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal, qui vient de rendre son rapport, comment les gendarmes se préparent et […]

C'est un témoignage qui devrait être lu par les gendarmes affectés en Guyane, à une mission en lien avec la lutte contre l'orpaillage illégal. Fin juin, l'adjudant David Gris a raconté aux députés de la commission d’enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal, qui vient de rendre son rapport, comment les gendarmes se préparent et vivent cette mission essentielle pour l'écosystème guyanais.

Aujourd'hui affecté en région parisienne, David Gris a servi pendant six ans en Guyane dans le groupe de recherche et d’intervention en forêt, après une première mission pour sécuriser le centre spatial de Kourou. "Nous avions en charge tout l’Ouest guyanais". Une zone qui "concentre beaucoup d’orpaillage", raconte-t-il. Son quotidien? La recherche de personnes en forêt, le contrôle des mines légales et la destruction de sites illégaux.

"J'ai attrapé à peu près tout ce qui pouvait l'être"

Une expérience racontée dans son ouvrage "Garimpeiros". "Les longs séjours en Guyane usent beaucoup, physiquement, à cause du climat assez rustique et des longs déplacements en forêt, parfois en quad dans la boue, une quinzaine d’heures durant, observe le gendarme. Contrairement à une idée reçue, en forêt, nous sommes plus gênés par les petites maladies que par les serpents ou les araignées. Le paludisme excepté, j’ai attrapé à peu près tout ce qui pouvait l’être, ce qui m’a d’ailleurs affaibli."

Des conditions hostiles qui ont convaincu le militaire qu'il fallait mieux informer ses camarades sur l'adversaire et la forêt. Le déclic a été un reportage de France 3 consacré à la préparation d'un escadron de gendarmerie avant son départ pour la Guyane, déplore David Gris.

L’opération Harpie, une mission à risques pour les militaires

"Une machine de guerre extrêmement bien rodée"

Et le gendarme de préciser sa pensée:

Nous luttons depuis de longues années contre une machine de guerre extrêmement bien rodée. Les garimpeiros disposent de moyens financiers, or l’argent constitue le nerf de la guerre. Des vigies, qu’ils payent jusqu’à 900 euros par jour, leur signalent les gendarmes aux points de passage stratégiques. Leur système d’approvisionnement et leur solidarité déjouent bon nombre de nos missions.

David Gris

Selon le militaire, le système des garimpeiros va très loin. "Ils appliquent dans la jungle leurs propres lois, prohibant le vol et les attaques contre les femmes, les vieillards et les enfants. Celui qui y contrevient reçoit une sentence de mort. La forêt s’apparente de ce point de vue au Far West. Les garimpeiros n’hésitent pas à diffuser sous forme de vidéos leurs actes de torture atroces."

Pas un échec

Pour autant, pour David Gris, l'opération Harpie de lutte contre l'orpaillage illégal n'est pas un échec. "Sans doute qu’à l’aide de plus amples moyens, nous pourrions ratisser la forêt pour extraire du territoire toutes les personnes en situation irrégulière, s'interroge-t-il. Cependant, leur soif de l’or les inciterait, selon moi, à revenir. Les garimpeiros viennent, presque par wagons entiers, d’un État très pauvre du Brésil, quitte à essuyer des tirs en chemin."

Un tableau qui rappelle que la solution à l'orpaillage illégal ne peut pas être simple. Les pistes suggérées par le gendarme? Une coopération plus efficace avec les pays voisins, réussir à priver les orpailleurs de mercure, encourager les mines légales, mieux cartographier la frontière avec le Suriname, ou encore déléguer une partie de missions de surveillance à des sociétés de sécurité privée pourraient ainsi faciliter la tâche des gendarmes.

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