Mais qu’avait fait la bicyclette pour mériter un pareil traitement ? La Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) a mis les pieds dans le plat. Elle a pointé les verbalisations abusives dont certains cyclistes faisaient l’objet. L’association a lancé un appel à témoignage via un questionnaire en ligne. Elle en a sélectionné 18, parmi “plus de 500 contributions”. Certaines verbalisations recensées concernent la pratique sportive. Mais aussi les déplacements domicile-travail ou ceux effectués pour acheter des produits de première nécessité.
Problème : ces verbalisations ne s’appuyaient sur aucune base légale. Celles qui sanctionnaient la pratique sportive pouvaient, certes, provenir d’injonctions contradictoires des services de l’Etat. Mais les autres n’avaient aucune raison d’être. L’emploi du vélo dans le cadre des déplacements autorisés par le décret sur l’état d’urgence n’aurait pas dû être sanctionné.
Cyclistes verbalisés à tord ? Le Conseil d’Etat siffle la fin de la récréation
S’agissant de la pratique sportive du vélo, le texte était bien clair. A condition d’être seul, pendant moins d’une heure et dans un rayon de 1 kilomètre de son domicile, pas de souci.
C’était sans compter avec la soudaine propension des différents sites officiels à rajouter des règles à la règle. Dès le 23 mars, en effet, le compte Twitter du ministère des Sports assurait que “la pratique du vélo de loisir est interdite durant la période de confinement. Si vous faites du vélo dans votre quartier, vous serez verbalisé”. Une position renforcée par une infographie diffusée le 26 mars par le ministère de l’Intérieur? Celle-ci affirmait : “La pratique du vélo de loisir est proscrite.” Une analyse fausse, mais pourtant partagée par le site du gouvernement dans sa rubrique questions/réponses.
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La Fédération française des usagers de la bicyclette a donc demandé au Conseil d’Etat de siffler la fin de la récréation. Le 30 avril, le juge des référés a demandé “au Premier ministre de rendre publique sous 24 heures, par un moyen de communication à large diffusion, la position du gouvernement”. Celle-ci n’est pourtant pas d’une clarté folle. Pour la Place Beauvau, le vélo est autorisé mais déconseillé, car les restrictions de distance et de temps le “privent […] d’intérêt”. Et tant pis pour ceux qui se contentaient d’une heure de bicyclette pour se défouler quotidiennement.