Jean Cousteix, l’illustre fondateur de notre journal, L’Essor, avait connu une Gendarmerie dirigée par un colonel, et même, un moment, par un lieutenant-colonel ! Il n’y avait alors aucun général, même pas deux étoiles, dans cette Gendarmerie-là, entièrement sous l’autorité du « ministre de la Guerre », fonctionnant dans l’ombre de l’armée de Terre…
Aujourd’hui, l’Arme compte 80 officiers généraux en activité et prévoit d’en avoir le double dans dix ans !
Il y a beaucoup de raisons à cette impressionnante progression :
• on a dit – c’est la version officielle – que c’était une politique délibérée pour « adapter les grades aux responsabilités », du bas de l’échelle, avec le Pagre, jusqu’en haut ;
• ce fut aussi le moyen de contourner le blocage de la valeur du point d’indice dans la fonction publique militaire ;
• on a voulu aussi s’aligner sur les autres armes, et même sur la pyramide des grades dans plusieurs pays étrangers ;
• c’était le moyen de « rattraper » les avantages qui avaient été accordés aux hauts gradés de la Police, à l’époque mieux en cour….
Tout cela est juste, mais demeure l’insolence de cette inflation.
Avec aussi – et c’est plus grave – beaucoup d’effets pervers :
• la dévalorisation des grades de sous-officiers, de plus en plus souvent cantonnés à des tâches d’exécution ;
• le gonflement de tous les effectifs d’état-major, à commencer par la Direction générale à Issy-les-Moulineaux ;
• et, finalement, l’affectation massive d’officiers généraux encore en 1ère section comme « chargés de mission » à l’IGGN, désormais appelée par les gendarmes de terrain « le cimetière des généraux » !
Alain Dumait, directeur de L’Essor