Nice, le 23 mars 2019, durant l’acte XIX des Gilets jaunes. Une charge de policiers se solde par la blessure grave d’une manifestante de 73 ans, Geneviève Legay. Les mobiles présents sur place auraient dû la mener. Mais leur commandant a choisi d’ignorer l’ordre du directeur des opérations, le commissaire divisionnaire de Police en charge des opérations, Rabah Souchi.
Dès son arrivée sur les lieux, ce dernier a en effet hurlé aux gendarmes en patrouille qu’ils étaient là “uniquement pour triquer du manifestant“. Des propos relatés dans le rapport du commandant d’escadron à sa hiérarchie, dévoilé fin septembre par Médiapart.
Un premier incident avant la charge controversée
Avant la charge controversée, un premier incident a déjà eu lieu. Le commissaire divisionnaire “arrive sur moi, toute voix hurlante“, écrit le capitaine. Après avoir fait les sommations d’usage de la force – sans, selon le compte rendu, avoir procédé à un appel à la sommation à la dispersion –, le commissaire ordonne au capitaine de charger “une foule calme“.
“ Je refuse cette charge sans le lui indiquer, parce qu’il est dans un état tel qu’il n’aurait pas été bon de le faire, poursuit le capitaine dans son rapport. J’ordonne à mes hommes de refouler les gens sans emploi de la force. Il continue à hurler en donnant l’ordre directement aux gendarmes de charger et d’utiliser les gaz lacrymogènes. Ce qu’ils ne font pas.“
Le commandant d’escadron estime à ce moment que le commissaire “ne se maîtrise plus”. Celui-ci “devient même presque dangereux“, comme il l’écrit dans son rapport. Il estime “ne pas avoir refusé un ordre […], juste pris une décision en adéquation de la situation terrain, en respectant simplement les deux principes de proportionnalité et d’absolue nécessité “. Le militaire précise que la mission “a été tout de même accomplie sans incident, et sans usage de la force et des armes”.
“Tout était décidé à la seconde, dans la plus grande incohérence“
Peu après arrive la charge policière contestée. “Brutale et violente“, elle est en outre en “totale disproportion et sans aucune nécessité face à une foule d’une trentaine de personnes assez âgées, très calmes, et avec de nombreux journalistes”. C’est à ce moment là que Geneviève Legay sera blessée. “Nous sommes tous abasourdis“, assure le capitaine. Plus tard, après une arrestation dans une crêperie qualifiée de “stupide” par le gendarme, le même commissaire s’en prendra à la Cellule image ordre public (CIOP) de l’escadron, qui aura eu le malheur de le filmer. Le capitaine “commence franchement à réfléchir à (se) désengager”.
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En conclusion de son rapport, il estime que, “même s’il avait une pression telle qu’il ne la supportait pas, je considère qu’il n’avait pas à nous traiter de la sorte. Je précise qu’il n’avait aucune conception de manœuvre. Tout était décidé à la seconde, dans la plus grande incohérence”. La manifestante Geneviève Legay en a fait les frais…