Crise sanitaire, terrorisme, Encrochat, drame de Saint-Just: ces quatre grands moments ont marqué l’engagement opérationnel de la Gendarmerie en 2020.

Le général de division Jean-Marc Césari, adjoint à la direction des opérations et de l’emploi (DOE), explique à L’Essor les enseignements tirés de ces dossiers majeurs.
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Le centre des opérations de la crise sanitaire pérennisé
Dès le 2 mars 2020, la DOE active un centre des opérations (CDO) dédié à l’épidémie Covid-19. Plus de cinquante personnels des trois directions et services de la DGGN, réservistes, élèves de l’EOGN, stagiaires de l’Ecole de guerre vont armer cette structure. Ce CDO compte trois groupes: conduite des opérations, anticipation de la manoeuvre (réflexions sur les scénarios) appui d’experts. Ce centre des opérations reste toujours en activité. Dès le mois de février, ce CDO a vocation à se muer en un Centre national des opération (CNO). Il deviendra alors une structure permanente pour préparer, suivre et conduire les opérations majeures de l’Arme.
Le CDO a ainsi piloté l’opération #RépondrePrésent afin, rappelle le général Césari, d’adapter le service de la Gendarmerie à une “situation hors normes”. Une situation qui nécessitait de rassurer le population et les acteurs majeurs dans les territoires, au “titre d’une approche solidaire”. Cette action s’est traduite en particulier par un accompagnement des entreprises fragilisées par la crise. Dans ce cadre, 34.000 entreprises ont été sensibilisées aux cybermenaces. 5.000 personnes, déjà suivies dans le cadre de violences intrafamiliales, ont été recontactées. #RépondrePrésent s’est aussi attaché à la protection de l’ecosystème sanitaire, soumis à forte tension. L’opération a ainsi permis de protéger la livraison des masques et des sites de santé.
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Les réservistes dans la lutte contre le terrorisme
“Mais, relève le général Césari, la crise sanitaire n’a pas effacé le terrorisme du paysage“. Et c’est un sujet qui a fortement mobilisé la Gendarmerie en 2020. En plein procès de l’attentat de Charlie Hebdo, un individu agresse, le 25 septembre, à la feuille de boucher deux personnes devant les anciens locaux de l’hebdomadaire à Paris. Le 16 octobre, Samuel Paty, un professeur, est décapité devant son lycée en banlieue parisienne. Le 29 octobre (3 morts), un nouvel attentat islamiste frappe la basilique de Nice.
A chaque fois, plusieurs escadrons de la gendarmerie mobile sont mobilisés au titre des recherches opérationnelles et de la sécurisation. 1.500 réservistes participent en outre avec la gendarmerie départementale au contrôle des frontières pour éviter les infiltrations terroristes. Certains seront déployées en unités constituées. Un concept de compagnie (90 personnels) de réserve territoriale pouvant se voir employer en zone urbaine ou dans la profondeur. Ce format montre, selon le général Césari, la capacité de mobilisation de la réserve opérationnelle qui a sans doute vocation a être réitéré.
Encrochat, la pépite de la Gendarmerie
“Encrochat, c‘est un dossier hors norme par son ampleur et ses résultats”, salue le général Césari. Initié par la Gendarmerie, il a mobilisé des “compétences remarquables”. Dévoilé cet été, il a ainsi permis d’intercepter les communications chiffrées de trafiquants de stupéfiants dans le monde entier.
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Le général Césari dresse un premier bilan impressionnant alors que des millions de données ont déjà été exploitées. Les enquêteurs de plusieurs pays ont déjà pu accéder à 60.000 terminaux. Les investigations, d’une dimension internationale, se poursuivent selon les dossiers. Mais 1.100 arrestations ont déjà eu lieu, et 35 tonnes de drogues, 160 biens immobiliers et 169 millions d’euros ont déjà pu être saisies.
Les leçons de Saint-Just, un drame qui a marqué la Gendarmerie en 2020
Le 23 décembre, à la veille de Noël, trois gendarmes sont tués à Saint-Just (Puy-de-Dôme) en portant secours à une femme victime des violences de son son mari. Celui-ci tire au fusil d’assaut sur les gendarmes. “Une scène de guerre, marquée par l’intensité de la violence mise en oeuvre par l’assassin”, relève le général Césari.
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L’officier général précise qu’une cellule nationale de retour d’expérience dépendant du directeur général travaille sur ce drame. “Il faut en tirer tous les enseignements utiles, dit-il, sur les moyens à mettre en oeuvre pour protéger les gendarmes et les aider a toujours mieux appréhender ce type de situation“. Il faut aussi, selon lui, continuer plus largement à s’attacher à “une détection en amont de ce type de menaces pour que les primo-arrivants agissent avec la meilleure connaissance du contexte”.
PMG