C'est la première fois que l'OCRVP (Office central pour la répression des violences aux personnes) réalise une étude d'une telle ampleur : des centaines de milliers de signalements de disparitions compilés sur les 10 dernières années. Elle montre que, depuis 2014, en moyenne, 59.000 personnes sont signalées disparues chaque année.
Parmi elles, 75% sont mineures et, pour une écrasante majorité, soupçonnées d'avoir fugué : environ 40.000 en 2023. Ces chiffres reflètent le nombre de signalements, et non le nombre total d'enfants disparus. Un même enfant a pu fuguer plusieurs fois au cours d'une année et pourra donc donner lieu à autant de signalements au fichier des personnes recherchées (FPR).
Ces chiffres sont assez stables depuis ces 10 dernières années : "globalement, chaque année, il y a une certaine stabilité autant en terme d'inscription de personnes disparues au fichier que de cessation du signalement quand les personnes sont retrouvées", détaille Franck Dannerolle, chef de l'OCRVP, l'office de la police judiciaire en charge, notamment, des disparitions de personnes, dans un entretien accordé à nos confrères de RTL.
"Ces chiffres nous aident à mieux comprendre la réalité des disparitions, pour autant nous ne travaillons pas sur une approche chiffrée mais humaine. On comprend très bien le stress des familles, on comprend très bien l'urgence d'avoir une réponse et de tout faire pour que les forces de l'ordre se déplacent et activent des recherches lourdes", ajoute le commissaire divisionnaire Franck Dannerolle.
Seuls quelques mineurs sont toujours portés disparus après des mois d'enquête
Deux mystérieuses disparitions ont particulièrement fait la une des journaux l'an dernier. Celle du jeune Emile Soleil, seulement 3 ans, aperçu pour la dernière fois au pied de la maison familiale dans le hameau du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) le 8 juillet 2023. Et celle de Lina Delsarte, cette jeune adolescente de 15 ans volatilisée sur la départementale qui relie son domicile de Plaine (Bas-Rhin) à la gare SNCF, le 23 septembre dernier.
Chacune de ces disparitions suspectes fait l'objet d'une fiche appelée "PJ22" dans le jargon policier. Possible enlèvement, séquestration, ou meurtre : la rédaction de cette fiche signifie que les autorités soupçonnent l'intervention d'un tiers dans ces disparitions. En clair : que ces disparitions soient liées à la commission d'un crime.
En 2023, 265 de ces signalements ont été versés au FPR. Cela ne veut pas dire que 265 enfants ne sont jamais retrouvés chaque année. La plupart de ces affaires sont élucidées dans un temps court ou moyen. Seuls quelques mineurs sont toujours portés disparus après des mois d'enquête.